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LOUIS-XAVIER DE RICARD


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Louis-Xavier de Ricard est né en 1843, à Fontenay-sous-Bois ; mais son vrai pays d’origine est le midi, où vécurent ses aïeux, une famille noble et ancienne de la Provence et du Languedoc. Son arrière-grand-père mourut procureur du roi à Toulon. Jean-Louis de Ricard, son grand-père, commissaire de la marine à Sète, puis chef de l’administration maritime au port de Toulon, fut arrêté en 1793 ; il parvint à s’évader, émigra avec sa famille à Livourne, Barcelone, rentra sous le Directoire, devint intendant du duché d’Illyrie, ordonnateur de la marine à Venise, et plus tard commissaire administrateur à la Martinique. Il lui était né un fils en 1737, Joseph-Amable de Ricard, qui suivit ses parents émigrés, et, après le retour en France, passa par l’école militaire de Fontainebleau, servit en Italie, en Espagne ; mis en demi-solde sous la Restauration, Joseph-Amable reprit du service, comme chef d’état major à la Martinique ; nommé général en 1815, il fut promu au commandement de l’école militaire de Saint-Cyr en 1847, et devint cinq ans plus tard premier aide de camp du prince Jérôme, ancien roi de Westphalie ; une intrigue l’obligea de démissionner (1856) ; quand il mourut, en 1867, il laissa des Mémoires sur les deux périodes napoléoniennes, dédiés à son fils Louis-Xavier.

Le grand-père avait été un fervent légitimiste, et le père un fidèle bonapartiste ; leur descendant fut, dès l’adolescence, un républicain hostile aux Napoléons et au cléricalisme. Le Quartier-Latin, où il demeurait avec ses parents, couvait aussi bien des idées d’émancipation en rapport avec les siennes, comme avec ses lectures : les philosophes du XVIIIe siècle, Hugo, Michelet, et Népomucène Lemercier qui contribua beaucoup à sa libération intellectuelle ; le général, esprit libéral, le laissait libre, mais d’autres parents, intolérants, le décidèrent à s’affranchir moralement du milieu familial.

Dès ce jeune âge encore, Louis-Xavier s’éprenait du midi, du Languedoc paternel : le fédéralisme germait en lui ; à quatorze ans (1857), il écrivit