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ANTOINE CLESSE




CHANSONS




MON ÉTAU


Air : Mon lit, mon lit, mon pauvre lit.


N e t’use pas, mon vieil étau :
Le sort nous rassemble,
Travaillons ensemble.
Sous ma lime et sous mon marteau,
Ne t’use pas, mon vieil étau !

Tu servis longtemps à mon père
Et sembles faiblir aujourd’hui ;
Tu me resteras, je l’espère :
Quand je te vois, je pense à lui !
T’aurais-je blessé par mégarde ?
Je te chéris… et cependant
Parfois, quand nul ne nous regarde,
Moi je pleure en te regardant !

Ne t’use pas, etc.

Mil huit cent vingt est une date
Que mon père grava sur toi :
Te voilà donc, je le constate,
De quatre ans plus jeune que moi,
Mon père, bras et cœur d’élite,
Sur toi s’escrimait en chantant :
Il t’a donc fait vieillir bien vite ?
Pauvre père, il travaillait tant !…

Ne t’use pas, etc.

Anthologie Contemporaine.
Vol. 41. Série IV (N°5).