Page:Cobb - Le peuple des torrents, 1936.djvu/26

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-plorant sa pitié pour le malheureux. Mais Simard, les traits durcis, fit un geste impérieux :

— Emmenez-le ! Emportez-le ! J’ai mon idée et j’ai le droit d’exiger… Je vous veux tous sur la rive… A la sortie des Rapides du Grand-Bruit !


CHAPITRE IV

Le peuple des torrents


La barque était lancée…

Du haut des chutes que couvrait encore une mince pellicule de glace, formant comme une cage de verre, elle fila comme sur un toboggan. Une gerbe d’eau formidable enveloppa Simard puis il se sentit descendre en tournant comme si quelque pieuvre monstrueuse l’eût aspiré avec ses tentacules… et sa dernière pensée fut :

— Je l’ai voulu.… mais je suis perdu ! Une seconde après, il se retrouva cramponné à la frêle embarcation qui, sans doute, n’avait dû, justement, qu’à sa légèreté de ne pas être brisée. Alors, il ne fut plus qu’un malheureux organisme humain se défendant contre la mort proche.

Autour de lui, l’eau noire et sinistre arrivait, arrivait sans cesse, s’écrasant avec le bruit éclatant de plusieurs milliers de chaînes qui se dérouleraient à la fois. Puis tout devint blanc autour de lui, sur lui. De l’écume, partout, bondissait… Brusquement, il comprit qu’il descendait, entraîné évidemment vers le puits mystérieux. Il descendait ?