Page:Coeurderoy - 3 lettres au journal L'Homme.djvu/12

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successives. — La vie est à ce prix. — Les révolutions sont des conservations. — Nous sommes arrivés à une de ces époques palingénésiques où les vieilles nations meurent, où de nouvelles leur succèdent. — Il y a des peuples comme des hommes, qui restent longtemps enfants. — La race Slave est de ce nombre. — Les nations Franco-Latines vont mourir, et la race Slave reprendra leur place au timon du char humanitaire. — J’appelle le glaive du tzar à précipiter la solution, à trancher le nœud gordien sur lequel nous révolutionnaires, imperceptible minorité, nous nous ensanglantons les doigts depuis si longtemps. J’ai dit cela, et rien que cela. J’aime à penser que votre mémoire seule est en défaut, quand vous me faites dire autre chose. Vous vous en convaincrez si vous voulez revoir le chapitre Révolution Démocratique et Sociale de mon livre, je ne crois pas cette lecture indigne de vous ; je ne la crois pas inutile non plus, si vous voulez me faire l’honneur d’une réponse plus sérieuse que la première.

…. En un mot, citoyen rédacteur, j’ai été préoccupé, il y a deux ans, de la question qui préoccupe tous les esprits aujourd’hui. Vous-même, que faites-vous autre chose que prévoir la défaite des armées civilisées ? Que prévoit M. Herzen, dans des articles que vous trouvez remarquables par le fond, sinon l’avènement des races Slaves ? Que prévoient les rois d’Occident qui tremblent sur leurs trônes. Que prévoient les armées et leurs héros qui ne marchent qu’à regret ? Que prévoit le monde entier qui s’agite et frissonne comme à l’approche des déluges ?…. Ce que j’ai osé dire.

Vous, quel parti prenez-vous dans les circonstances actuelles ? Il n’est pas facile de le savoir. Avant peu, avant peu, vous direz comme moi : « Je n’ai pas craint d’affirmer que les nations bourgeoises étaient en pleine décadence et que les Russes seraient appelés un jour les fils aînés du Socialisme. J’ai fortifié mon âme contre le concert de malédictions qui va m’assaillir ; j’aime mieux la cautérisation que la mort, — la Révolution que la nationalité, — l’humanité que la France ; j’ai pris au sérieux ces deux mots : Révolution Universelle. » (p. 218.)

Qui veut trop prouver ne prouve rien, citoyen. Vous ne ferez jamais croire à ceux qui ont lu mon livre que j’aie traité la question de révolution européenne aussi niaisement que vous le dites. Vous ne ferez jamais croire non plus à ceux qui me connaissent