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père. Il voulut voir mes chevaux. Après les avoir tous passés en revue : — En voilà un, dit-il, qui est bien. beau, il a dû vous coûter cher.

— Il ne m’a rien coûté du tout, qu’un coup de sabre que j’ai donné à un officier bavarois à la bataille de Hanau. Mais je vous conterai cette histoire-là en dînant.

— C’est cela. Après dîner, nous irons voir mes enfants ; puis demain nous monterons à cheval avec votre domestique, car vous avez changé de rôle. Ce n’est plus notre petit Jean d’autrefois, c’est le beau capitaine. Que de plaisir je me réserve en vous présentant à mes amis ; ils ne vont pas vous reconnaître.

En effet, arrivés chez ces gros fermiers et reçus partout à bras ouverts : — Je viens, disait M. Potier, vous demander à dîner pour moi et mon escorte. Je vous présente un capitaine qui est venu me voir. — Soyez tous les bienvenus, répondait-on ; et comme j’étais militaire, on me parlait le plus souvent des ravages qu’avait faits l’ennemi en envahissant les environs de Paris. Jusqu’au dîner, M. Potier ne disait rien de moi : ce n’est qu’après le premier service qu’il demandait à nos hôtes s’ils ne reconnaissaient pas l’officier qu’il avait amené. Chacun me regardait avec de grands yeux, mais personne ne me reconnaissait.

— Vous l’avez cependant vu chez moi pendant dix ans, reprenait M. Potier. C’est l’enfant perdu que j’ai ramené de la foire d’Entrains, il y a vingt ans. C’est