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il ne faut pas nous déshabiller. » Je plaçai tous nos chevaux ; heureusement je trouvai du foin dans cette maison. Les domestiques furent consignés à l’écurie, bride au bras ; j’en mets un en faction pour prévenir le général, et rentre près de lui. Après avoir soupé, je priai le général d’ôter ses bottes pour se reposer : « Non ! » me dit-il. Je tire un matelas : « Mettez-vous là-dessus ! vous reposerez mieux que sur une chaise. Je vais veiller avec les domestiques. Restez tranquille, je vous préviendrai. » À trois heures du matin, les Prussiens attaquèrent Villers-Cotterets ; ils débouchaient par la grande route, ayant coupé à droite pour nous enfermer dans la ville ; c’est ce qui nous sauva. Ils tombèrent sur notre parc, et ils firent un carnage épouvantable. À ce bruit, je fais brider et sortir les chevaux et cours prévenir mon général : « À cheval, général ! l’ennemi est en ville. »

C’est là qu’il faut voir des domestiques alertes ; les chevaux étaient arrivés aussitôt que moi à la porte ; le général descend l’escalier et monte à cheval ainsi que moi : « Par ici », nous dit-il, « suivez-moi ! »

Il prend la gauche dans une allée à perte de vue qui longe la forêt et la belle plaine ; avec trois minutes de retard, nous étions pincés. À deux portées de fusil derrière nous, étaient des pelotons de fantassins qui posaient des factionnaires partout. Lorsque nous fûmes