Page:Cointeraux - Ecole d architecture rurale, Pise, 1er cahier, 2nde edition.djvu/32

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La précision de cette table est plus importante qu’elle ne le paroît d’abord, non pas à raison de la dépense du pisé, car il n’en coûteroit, pour faire les murs de clôture plus épais, que plus de terre ; mais la terre est absolument sans valeur : c’est donc leur fondation et leur soubassement en maçonnerie, qui consomment une plus grande quantité de chaux, de pierres, de voitures, et de main-d’œuvre ; qu’on y ajoute l’embaras et les frais coûteux pour se procurer l’eau nécessaire pour éteindre la chaux et pour faire le mortier ; encore est-on obligé, la plupart du temps, de l’aller chercher fort loin, ou de la tirer des puits très-profonds : ainsi, en négligeant la juste proportion que l’on doit donner strictement aux murs de clôture, on se jette involontairement dans des frais immenses, tandis qu’en ménageant, on dépense la moitié moins. Eh ! ne convient-il pas mieux employer l’excédant des frais d’une construction mal combinée, à tant d’autres objets d’amélioration, qui sont, comme l’on sait, si nécessaires et si multipliés dans les travaux de la campagne ? Il est donc bien essentiel, même aux personnes opulentes, de ne pas abandonner aux maîtres maçons de la campagne l’entière direction des ouvrages de l’art de bâtir.

Pour faire sentir la conséquence de ce que je viens de dire, je supposerai qu’on veut enclore seize arpens de terrein ; on aura donc à faire construire 480 toises de longueur en mur de clôture. Si on leur donne 2 pieds de fondation et 2 pieds au dessus du sol, on trouvera qu’à raison de 6 livres la toise courante, cette maçonnerie en chaux, sable, pierres, voitures et main-d’œuvre, coûtera la somme de 2880 livres ; mais si on réduit à 15 pouces l’épaisseur de 18 qu’on auroit imprudemment donnée à ce mur d’enceinte, on épargnera le sixième de la dépense, c’est-à-dire, 480 livres. Si ensuite la nature du sol, la situation du local, ou les secrets de l’art, permettent de faire la fondation seulement d’un pied et