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ii

De même que j’avais vu autrefois les petites passions des derniers Marquis s’agiter dans les grands paysages des Pyrénées, je voyais à l’heure présente les petites passions des derniers Abbés se produire en face des sublimes horizons que domine l’île d’Ischia et en troubler un instant, pour moi, la sereine et inaltérable beauté.

Ici encore c’était, comme toujours et partout, la société dans sa plus infime acception, tracassière et perverse, gâtant au poète la nature bienfaisante et splendide qui le console et l’inspire et poussant jusqu’au crime le déchaînement de son ignorance et de ses erreurs.

« Deux siècles plus tôt, m’écrivit dans cette circonstance Victor Hugo, on nous eût brûlés vous et moi, dos à dos sur le même bûcher. »

« Qui contredit est hérétique et luy faut rien que le feu[1]. »

J’aurais pu, dans l’île d’Ischia, répondre comme Panurge : « Estant sur mer craignois beaucoup plus estre mouillée et estre noyée que brûlée[2]. »

  1. Rabelais, liv. i, ch. Ier.
  2. Idem