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gerbe de bruyères roses, d’asphodèles blanches et de genêt jaune odorant entourés de pousses de buis et de touffes dentelées de fougère. Tout en marchant, nous avions butiné ces fleurs des montagnes, et Nérine, avec son instinct d’artiste, les avait merveilleusement groupées pour les peindre.

— Vous aimez les fleurs ? dit le pauvre Adolphe à Nérine en devenant pourpre, tandis que les boutons qui couvraient sa lèvre supérieure s’injectaient de sang. Sa puberté l’étouffait.

— Comment ne pas aimer les fleurs ? répliqua Nérine, elles ont deux attraits : le parfum et la forme ; c’est une double séduction irrésistible.

— On est bien malheureux d’être laid, murmura l’écolier d’un ton de tristesse singulière, car on ne doit pas trouver grâce devant votre esprit.

— Quand on est bon et loyal, reprit Nérine avec un air de sincérité aimable, on attire toujours la sympathie.

Le pauvre Adolphe tressaillit.

— Puisque vous aimez les fleurs, dit-il à Nérine, je vous en apporterai chaque jour des plus rares et des plus belles.

— Comme vous voudrez, répondit simplement mon amie.