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suivent, guidés par les lamaneurs de Boucan, puis d’autres s’abandonnent au hasard.

Le premier navire s’approche de la barre ; il s’élève, plonge, s’arrête un instant, s’élance et passe au delà ; la barre est franchie ; les remorqueurs quittent le navire qui déploie ses voiles et gagne le large. Tous les vaisseaux grands et petits le suivent aux acclamations de la foule qui se presse sur les deux rives.

Il y a bientôt un demi-siècle qu’un homme, qui n’était pas le chef du pilotage, monta dans le canot des lamaneurs et voulut sonder lui-même la profondeur de la passe ; la barre grondait avec furie, mais cet homme semblait défier les éléments. Au large sur les flots bleus de la mer se dessinait la frégate la Comète ; l’homme qui venait de sonder la passe ne lui avait trouvé que quinze pieds et demi ; tous les pilotes et tous les officiers de marine furent d’avis que la frégate ne pourrait passer.

— Elle passera ! s’écria celui dont la volonté semblait en cet instant commander aux hommes et aux flots.

Et il ordonna le signal.

Aussitôt la Comète accourut. Elle subit un choc terrible, une partie de son équipage fut renversée ; mais, la passe franchie, elle remonta triomphalement