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veillée dans la sienne où elle allait, me dit-elle, dessiner les fleurs cueillies le matin.

Quand nous entrâmes dans sa chambre nous la sentîmes tout embaumée des plus vifs parfums. Aussitôt que la lampe fut allumée nous aperçûmes sur la table où Nérine dessinait, deux vases de porcelaine blanche contenant deux énormes bouquets de fleurs des champs ; quelques-unes très-rares et qu’on ne trouvait que sur les plus hauts sommets et dans les anfractuosités des rocs d’où jaillissent les cascades ; à cette flore sauvage et gracieuse des Pyrénées étaient jointes quelques fleurs des jardins d’une beauté frappante. C’était une branche de roses mousseuses ; une tige de lis d’un jaune orangé et une grappe charnue de blanches tubéreuses à la pénétrante senteur.

Nous devinâmes aussitôt que ces belles fleurs étaient un don délicat du pauvre écolier. Nérine en fut touchée.

— Je dois remercier ce bon garçon, dit-elle.

Elle sonna et ordonna au domestique d’aller inviter de sa part M. Adolphe de Chaly à prendre le thé avec nous.

Quelques minutes après, l’écolier heurtait à la porte. Il vint à nous tout tremblant, et s’excusa en balbutiant d’avoir osé déposer ces fleurs dans la chambre de Nérine.