Page:Colet - Les Derniers Marquis - Deux mois aux Pyrénées - 1866.djvu/276

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 262 —

sons une collation de fruits et de délicieuses confitures valaques ; nous voulons boire de l’eau de la Bidassoa dans un joli coco sculpté et cerclé d’or que la princesse a apporté de Constantinople ; les bateliers nous disent que cette eau est détestable, et rapidement ils font dévier la barque du côté de la rive droite vers une petite source française qui jaillit dans le fleuve ; ils y remplissent une gourde et tour à tour nous buvons l’eau fraîche et limpide dans le coco. À chaque libation, le fils de la princesse plonge cette coupe de voyage dans la Bidassoa, dont le courant est en ce moment fort rapide. Tout à coup, un flot enlève le coco de la main de l’enfant ; nous le voyons un instant surnager, et les bateliers font force de rames pour l’atteindre ; mais le flot le remplit, il tourbillonne ; plonge et disparaît : comme l’île des Faisans ; il s’est englouti dans la vase.

Nous oublions ce naufrage pout contempler l’admirable tableau qui tout à coup s’offre devant nous : la Bidassoa fait un coude et s’élargit vers son embouchure dans la direction du cap Figuier ; à notre droite, c’est Hendaye la vieille forteresse française qui domine un pauvre village sortant de ses ruines ; à gauche, c’est la ville espagnole de Fontarabie, étalant sur une hauteur ses remparts démantelés couverts de lierre et de plantes fleuris ; des collines et