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Jardin anglais. Nous comprîmes que le cousin et la cousine de notre écolier étaient arrivés. Quand la cloche du déjeuner sonna, une grande caisse à chapeaux gisait encore dans la galerie ; sur le couvercle reluisait une plaque en cuivre où était gravé en lettres anglaises le nom du marquis et de la marquise de Serrebrillant. Balzac, le grand psychologue, qui trouvait toujours une signification dans les noms propres, aurait vu dans celui-ci un assemblage de lésine et d’ostentation, et il aurait deviné juste. Les Serrebrillant, de vieille noblesse picarde, vivaient durant neuf mois de l’année, par économie, dans un petit château situé aux environs d’Amiens. C’était une habitation pittoresque et triste qui empruntait une certaine grandeur à son ancienneté. La famille se composait du vieux duc de Serrebrillant, un beau vieillard entêté, fier et ennuyeux, mais qui ne manquait pas de noblesse ; de son fils, âgé de trente-six ans, le marquis Sigismond de Serrebrillant qui venait d’arriver aux Eaux-Bonnes ; de la marquise Aglaé, sa belle-fille, et de deux petits enfants que le jeune ménage avait eus dans les deux premières années de mariage. Depuis lors l’union était devenue stérile. Fils unique, le marquis Sigismond avait été extrêmement gâté et très-mal élevé par sa mère qui était morte fort jeune. Beau ou plutôt bel-