Page:Colet - Les Derniers Marquis - Deux mois aux Pyrénées - 1866.djvu/68

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 54 —

des deux chevaux qui paissaient sans guide l’herbe mouillée. Tout à coup, elle se cabra et s’arrêta net en apercevant le Béarnais qui gardait nos trois chevaux. C’était un des guides les plus connus aux Eaux-Bonnes. Elle lui demanda qui donc il avait conduit, et parut un peu rassurée quand elle apprit que nous avions suivi le sentier des bergers pour monter, sans nous détourner, jusqu’à la région des sapins. Alors elle fouetta son cheval et le précipita au galop sur la route plus large.

Sitôt qu’elle eut disparu, l’écolier me dit en soulevant sa grosse tête au-dessus des touffes de fougères :

— À présent je vais rejoindre le pauvre abandonné et recevoir ses confidences.

— Ce serait fou et méchant, répondis-je ; prouvez-moi que votre espionnage n’était qu’une espièglerie en ne parlant à personne de ce que nous avons vu.

— À personne, je vous le jure ; mais ceci ne m’empêche pas de rejoindre l’Italien qui, ne sachant pas d’où j’arrive, me recevra très-bien, je vous le promets, ne serait-ce que pour l’aider à monter à cheval.

— Je vous défends, du moins, de me nommer à lui, ni moi, ni ces dames, car vous savez bien que le hasard seul a dirigé de ce côté notre promenade. Nérine ne vous pardonnerait jamais si vous attiriez