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parlait avec intérêt : elle était souriante et très-belle dans sa pâleur ; arrivée à l’hôtel, elle retint d’une manière aimable le docteur à dîner. Elle lui dit :

— Si vous restez, j’aurai le courage de dîner aussi, et me voilà guérie.

Elle faisait un grand effort pour nous cacher ce qu’elle souffrait.

Le docteur accepta l’invitation de Nérine. Je la suivis dans sa chambre pour l’aider à quitter ses vêtements déchirés, et l’écolier, émerveillé de la voir revivre, s’enferma dans la sienne pour faire une toilette triomphale.

Nérine s’enveloppa d’un burnous de Tunis en tissu noir rayé d’or ; elle groupa au hasard ses cheveux avec un peigne à galerie de sequins ; elle ressemblait ainsi à une belle Grecque. Le docteur et moi l’aidâmes à descendre au salon. Tout le monde accourut vers elle, la questionnant, la félicitant et lui exprimant une cordiale sympathie ; seuls les Serrebrillant et les Routier restèrent à l’écart sans s’informer de son état ; je regardai les femmes avec étonnement ; de ridicules elles devenaient odieuses.

L’arrivée de l’écolier m’empêcha de les toiser plus longtemps ; sa mise de plus en plus recherchée attira mon attention ; il tenait à la main un énorme bouquet de fleurs rares qu’il avait fait venir de Pau, mais