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mon visage. Malgré sa vie de dissipation, Albert Nattier avait un excellent cœur.

— Tu as donc été bien mal, mon pauvre ami, me dit-il en me serrant la main ; mais enfin te voilà hors de danger.

— Oui, sauvé par elle, répliquai-je en lui présentant Antonia.

Antonia répondit que le docteur seul m’avait guéri par l’habileté et la prudence de ses prescriptions. Tiberio, qui venait d’entrer, dit à son tour avec simplicité, que la nature, secondée par l’affection d’Antonia, avait tout fait.

Antonia fit alors un éloge excessif du savoir de Tiberio. Celui-ci, embarrassé, se mit à parler à Albert Nattier de Venise, et lui offrit d’être son cicérone.

Mon ami accepta avec empressement, disant qu’il serait enchanté de se trouver dans la compagnie d’un homme à qui je devais la vie, et dont il se regardait désormais comme l’obligé.

J’engageai Antonia à les accompagner, mais elle refusa, ajoutant avec bonté qu’elle préférait rester avec moi. Sitôt que nous fûmes seuls, je la remerciai tendrement, et je voulus l’embrasser ; elle se recula en me disant :

— Ne vous agitez donc pas, Albert ; et, prenant un ouvrage de broderie, elle alla s’asseoir près de la fenêtre.