Page:Colette - La maison de Claudine, 1922.djvu/143

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La femme du jeune notaire d’X… n’avait pas froid aux yeux. Elle se permettait les décisions brusques et gamines d’une femme qui copiait les robes de « ces dames du château », chantait en s’accompagnant elle-même et portait les cheveux à la chien. Le jour d’après, au petit matin, elle s’en alla commander un vol-au- vent à l’hôtel de la Poste, où logeait M. d’Avricourt, et écouta le bavardage de la patronne :

— Pour huit personnes, madame ? Samedi sept heures, sans faute ! Je verse le lait chaud de M. d’Avricourt et j’inscris la commande… Oui, madame, il loge ici… Ah ! madame, on ne dirait jamais un comédien ! Une voix comme une jeune fille… Et sitôt sa promenade faite après le déjeuner, il rentre dans sa chambre et il prend son ouvrage.

— Son ouvrage ?

— Il brode, madame ! Une vraie fée ! Il finit un dessus de piano au passé, on l’exposerait ! Ma fille a relevé le dessin…