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Page:Colette - La maison de Claudine, 1922.djvu/154

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du « parquet ». Tous les garçons gardaient en dansant le chapeau sur la tête, comme il se doit. Des filles blondes devenaient lie-de-vin dans leurs corsages collés, des brunes, venues des champs et brûlées, semblaient noires. Mais dans une bande d’ouvrières dédaigneuses, Nana Bouilloux, en robe d’été à petites fleurs, buvait de la limonade au vin rouge quand les Parisiens entrèrent dans le bal.

Deux Parisiens comme on en voit l’été à la campagne, des amis d’un châtelain voisin, qui s’ennuyaient ; des Parisiens en serge blanche et en tussor qui venaient se moquer, un moment, d’une Saint-Jean de village… Ils cessèrent de rire en apercevant Nana Bouilloux et s’assirent à la buvette pour la voir de plus près. Ils échangèrent, à mi-voix, des paroles qu’elle feignait de ne pas entendre. Car sa fierté de belle créature lui défendait de tourner les yeux vers eux, et de pouffer comme ses compagnes. Elle entendit : « Cygne parmi les oies… Un Greuze !… crime de laisser s’enterrer ici