Page:Colette - La maison de Claudine, 1922.djvu/199

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qui ne va plus penser qu’à la mort de la fille… brrr !…

« Vous autres, au moins, je vous connais, vous me regretterez. À qui écriras-tu deux fois par semaine, mon pauvre Minet-Chéri ? Et toi, ce n’est rien encore, tu t’es évadée, tu as fait ton nid loin de moi. Mais ton frère aîné, quand il sera forcé de passer raide devant ma petite maison en rentrant de ses tournées, qu’il n’y trouvera plus son verre de sirop de groseille et la rose qu’il emporte entre ses dents ? Oui, oui, tu m’aimes, mais tu es une fille, une bête femelle, ma pareille et ma rivale. Lui, j’ai toujours été sans rivale dans son cœur. Suis-je bien coiffée ? Non, pas de bonnet, rien que ma pointe de dentelle espagnole, il va venir. Toute cette foule noire a levé la poussière, je respire mal.

« Il est près de midi, n’est-ce pas ? Si on ne l’a pas détourné en route, ton frère doit être à moins d’une lieue d’ici. Ouvre à la chatte, elle sait aussi que midi approche. Tous les jours, elle a