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Page:Collectif - Célébrités contemporaines, Vol 2, 1883.djvu/60

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cent pour lui sept années — les sept vaches maigres et enragées — de terrible lutte et souvent de noire misère.

Le journalisme lui semblait le salut. Par un pauvre brave garçon nommé Mille-Noé, mort aujourd’hui, il fut mis en rapport avec un entrepreneur de journaux de théâtres, Charles Desolme, qui dirigeait l’Europe artiste. Desolme lui demanda un compte rendu de l’exposition de peinture. Parfait ! Sardou court au Salon, rentre chez lui, écrit son premier article, le porte au journal qui l’insère ; mais le lendemain, le rédacteur en chef lui dit : « Ce n’est pas mal, votre affaire ; seulement ce n’est pas cela du tout. Vous parlez de Corot, vous louez Corot, vous allez droit aux artistes cotés ! Ce serait bien ailleurs. Mais ici !… Je ne fais pas un journal d’art, moi, je fais un canard. Je veux établir à côté de mon journal un magasin de vente de tableaux, et, comme je ne peux avoir ni des Delacroix, ni des Decamps, ni des Dupré, ni des Corot, je veux qu’on éreinte les tableaux des fameux et qu’on vante les toiles des inconnus, que je lancerai et que je vendrai ! Je ne m’adresse pas au lecteur, mais au consommateur. Est-ce compris ? »