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Page:Collectif - Heures du soir 03.djvu/161

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— LE NEVEU DE MOURAT-BEY. —

minaret de la grande mosquée d’Ackmin[1] qui appelle tous les fidèles à la prière. C’est la troisième heure de la nuit ; voilà les hymnes du Prophète… Prions !

— Prier !… je n’ai plus même cette consolation… Absorbé par une seule pensée, consumé par une fièvre brûlante, je ne suis plus capable de chercher le calme dont j’ai tant besoin. Un mal violent m’arrache à tous mes devoirs… Et n’ai-je pas aussi délaissé l’héritage du puissant chef des Mameloucks ! Mon oncle illustre, qui me voit du palais des Houris, ne doit-il pas s’indigner d’avoir laissé tant de gloire en des mains si débiles, et de me voir nourri d’un poison ignoré de l’Orient ? J’entends sa voix me rappeler ses travaux, sa lutte longue et glorieuse contre ce fier Français qui fut digne du surnom d’un Ottoman[2]. « C’est aux infidèles, me dit-

  1. L’ancienne Panno-Polis.
  2. Desaix, surnommé en Égypte Sultan-Juste.