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Page:Collectif - Heures du soir 03.djvu/231

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— QUAND MÊME !… —

— Dieu le veuille ! répondait-il : il serait trop tard pour ne plus l’aimer. »

C’est ainsi que se passait l’hiver.

Un soir, le temps était froid et sombre, la neige tapissait les campagnes et surchargeait, de sa mousse blanche et légère, les branches desséchées des arbres. Il était minuit ; l’on n’entendait plus dans la plaine que les hurlemens de quelques chiens égarés, et les cris funèbres du chat-huant, qui se mêlaient au sifflement aigu des vents. De quart-d’heure en quart-d’heure, l’horloge du village sonnait et semblait annoncer à la nature endormie que le temps ne dormait pas, et qu’il marchait toujours. Bien des yeux étaient fermés ; la plupart des mortels reposaient sur l’oreiller dur et moelleux que la fortune avait mis sous leurs têtes ; mais deux personnes veillaient encore au château de Rosemberg. Il y avait eu ce soir-là une conversation plus douce et plus tendre