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REVUE DBS TRADITIONS POPULAIRES 293 LES SERMONS FACÉTIEUX IX LE SERMON DU RECTEUR DE LOC-RONAN Le curé de Loc-Ronan avait, paraît-il, fort à se plaindre de ses ouailles. Un dimanche, il monte en chaire et leur reproche leur con- duite qui tous, pasteur et troupeau, les enverra en enfer. Et quand j’arriverai là-haut, le bon Dieu me dira : « Curé de Loc-Ronan, où es- tu? » Je me cacherai, je me citerai, le Seigneur ne me verra pas. Et joignant le geste à la parole, le bon curé se baissait au fond de la chaire. Mais, bientôt après, il reparaissait et recommençait : « Curé de Loc-Ronan, où es-tu?» Trois fois il recommença le même manège et à la troisième il reprit : « Mais le Seigneur ne se laissera pas ainsi tromper et j’aurai beau me cuter, il faudra bien lui répondre; que lui dirai-je, mes frères? La vérité, toute la vérité. Bêtes, vous me les avez données; bêtes, je vous les rends, Seigneur. » Et il des- cendit de la chaire. Lucie de V. H. X le curé d’anthy Le curé d’Anthy voyait son prône désert, tandis que le cabaret d’en face s’emplissait. Ne sachant plus à quel moyen recourir pour ramener ses ouailles à l’église, il fit irruption, un dimanche matin, dans le cabaret, et raconta aux consommateurs son rêve de la nuit précédente. Dieu le Père lui était apparu et lui avait demandé où étaient les fidèles. — Je lui ai répondu, dit-il, qu’ils devenaient toujours plus bêtes, puisqu’ils portaient leur argent à l’auberge, au lieu de le porter à la quête. (Le Savoyard de Paris,) M. L.