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TRENTE POÉSIES RUSSES


Moi, j’étais là, rêvant à ta beauté cruelle…
Je me disais « La terre est sombre et triste. Hélas !
La nature languit. Mais, plus encore qu’elle,
Mon âme est triste et mon cœur las ! »

Mais voici le matin revenu. La lumière
Au monde rajeuni rend sa fraîche beauté.
Au souffle caressant de l’aube printanière,
La terre reprend sa gaîté.

Aux baisers du soleil offrant leur cœur avide,
Les lys ont redressé fièrement leur front pur ;
Et le lac dans l’azur de son miroir limpide
Reflète le céleste azur.

L’oiseau, dans son doux nid, rouvrant son aile, envoie
Son salut amical au jour naissant. Hélas !
À son obscur chagrin mon âme reste en proie,
Mon cœur ne se réveille pas !