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TRENTE POÉSIES RUSSES


Que l’Ange du Sommeil descende sur la terre,
Qu’il baise ton front pur et ferme tes beaux yeux ;
Et puis, en remontant, sur son aile légère
Qu’il emporte avec lui ton rêve près des cieux !

Que de fois à moi-même, alors que ma constance
Fléchissait sous le poids de mes chagrins trop lourds,
Comme un bon frère, il m’a prêté son assistance
Et donné le fidèle appui de son secours !

Va ! Je ne serai pas jaloux de lui. Repose,
Laisse-toi dans ses bras bercer, ma chère enfant.
Car du mal que nous fait tout homme ou toute chose
C’est lui qui nous console et lui qui nous défend.

Il nous verse l’oubli, seul baume dont s’apaise
Le cœur qui, chaque jour, un peu plus se meurtrit,
Et soulage, du moins un moment, le malaise
Des doutes éternels qui nous troublent l’esprit.