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TRENTE POÉSIES RUSSES


— J’ai tué mon cheval. C’est sa mort qui m’afflige
Et me met en cruel souci.
La colère m’avait jeté comme en vertige…
— Richard, Richard, tu mens encor. Tu mens, te dis-je !
Ce n’est pas moi qu’on trompe ainsi.
Non. Ce n’est pas le sang d’un cheval que voici.
C’était mon bon cheval de guerre…
Richard, tu mens toujours. Ton cheval était vieux ;
Tout autre que lui vaudrait mieux,
Et sa mort ne mérite guère
Qu’on ait des larmes dans les yeux.
— Puisque je ne puis rien te cacher… ni me taire,
Écoute donc. Apprends le terrible mystère ;
Je suis l’assassin de mon père !…
Ce poignard que tu vois encore tout sanglant,
Je viens de le plonger tout à l’heure en son flanc
Et je succombe au poids du remords qui m’accable.
— Comment expieras-tu ce forfait exécrable ?
Où ton cœur pourra-t-il retrouver le repos,
Richard, Richard !…
Richard, Richard !…— Un jour où fouettés par l’orage,
Secoués par les vents, se gonfleront les flots,