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C’ÉTAIT ÉCRIT !

ment de ses torts. En somme, elle paraissait avoir dix ans de plus que son âge.

Sir Giles la comprit ; il se lève, arpente la chambre de long en large ; puis soudain, il s’arrête. Enfonçant ses mains dans ses poches, il dit d’un ton interrogateur, en dévisageant sa filleule :

« Je gage que vous aurez eu une nouvelle querelle avec votre père ?

— Je n’en disconviens pas, répondit la jeune Iris.

— Qui a tort de vous deux ?

— La femme a toujours tort, répondit-elle, un sourire triste effleurant ses lèvres.

— Est-ce votre père qui vous a dit cela ?

— Mon père s’est borné à me rappeler que j’ai atteint ma majorité depuis quelques mois et que je suis libre d’agir à ma guise ; je l’ai pris au mot, et me voilà.

— Vous comptez retourner sous le toit paternel, hein ?

— Ah ! quant à cela, je n’en sais rien », dit miss Henley d’un ton sérieux.

Sir Giles recommença alors à marcher de long en large. Sa physionomie atrabilaire révélait les luttes et les épreuves de son existence.

« Hugues, dit-il, m’avait promis de m’écrire, mais il n’a pas tenu sa promesse. Je sais ce qu’il faut inférer de son silence, et pourquoi et comment, vous avez fait sortir votre père des gonds ; mon neveu a demandé votre main pour la seconde fois et pour la seconde fois vous l’avez éconduit ! »

Le visage d’Iris se détendit ; un air de jeunesse et de grâce l’embellit de nouveau.

« Vous l’avez dit », fit-elle d’un ton triste et soumis.

Sir Giles, perdant patience, s’écria :

« Que diable avez-vous donc à reprocher à Hugues ?

— C’est bien là ce que mon père m’a demandé et presque en termes identiques. Quand j’ai essayé de lui donner les raisons qui m’ont décidée à l’éconduire, il s’est emporté ; or, je ne veux pas risquer de vous mettre en colère à votre tour. »

Sans paraître écouter la jeune fille, son parrain poursuivit :

« Voyons, Hugues n’est-il pas un excellent garçon, au