Page:Collins - C’était écrit.djvu/39

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
33
C’ÉTAIT ÉCRIT !

« Éclairez-moi, dit-il, et je vais écrire un mot à M. Montjoie. »

Il déchire alors la feuille blanche du billet adressé à Mme Lewson, et trace à la hâte les lignes suivantes :

« Je vous exhorte à changer l’heure fixée pour votre départ de Rathco, et à ne communiquer à âme qui vive vos nouveaux plans. Ayez soin de seller vous-même votre cheval. »

(Comme de juste, les mots étaient tracés d’une écriture déguisée.)

« Remettez ce billet à Montjoie en personne ; s’il demande le nom de celui qui l’a écrit, n’hésitez pas à répondre que vous l’ignorez ; d’autre part, si le destinataire s’avise que l’enveloppe a été ouverte et veut savoir par qui, mentez encore. Bonsoir, Miles, et surtout pas d’imprudence sur la route. »

Le groom referme précipitamment la lanterne et Miles s’empresse alors de se servir du manche de son fouet, pour frapper à la porte :

« Une lettre de M. Arthur », s’écria-t-il.

Mme Lewson prend la missive, l’examine à la lueur d’une chandelle, puis, montrant au porteur l’enveloppe déchirée, elle dit :

« Quelqu’un l’a déjà lue, ça se voit, mais qui ça ? »

Fidèle à la consigne qu’il vient de recevoir, Miles répond :

« Je l’ignore. »

Sur ce, il pique des deux et décampe.

Avant même que la porte fût refermée, Iris descend l’escalier, si bien que Mme Lewson s’empresse de lui exhiber la lettre d’Arthur, et de dire :

« J’ai le plus grand désir de répondre à cette lettre et d’inviter M. Arthur Montjoie à se garer des hommes armés jusqu’aux dents ; ils pourraient lui jouer un mauvais tour sur la route ; mais la difficulté, c’est de me faire comprendre. Ah ! que vous seriez bonne de me venir en aide. »

Iris accéda volontiers à ce désir ; une lettre de cette femme au cœur chaud, tendre et dévoué, ne pouvait que consolider l’effet produit par la lettre de lord Harry à Arthur. Il fallait inférer de la sienne, qu’il serait de retour à trois heures. De plus, la question adressée au groom par lord Harry : « Y a-t-il