Page:Collins - La Femme en blanc.djvu/232

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saisi l’occasion de lui adresser quelques mots en particulier, dans le retrait d’une des croisées. Ils ne sont pas restés tête à tête plus de deux ou trois minutes ; et, arrivant à se séparer, elle est sortie de la salle avec mistress Vesey, tandis que sir Percival venait à moi. « Il l’avait suppliée, me dit-il, de se réserver le privilège de fixer, comme elle l’entendrait, l’époque de leur mariage. Elle l’avait remercié pour toute réponse, en le priant de faire connaître à miss Halcombe les vœux qu’il pouvait former sur ce point. »

Je n’ai pas la patience d’en écrire davantage. Cette fois, comme toujours, sir Percival l’a emporté sans se compromettre le moins du monde, et en dépit de tout ce que j’ai pu dire ou faire. Ses vœux sont naturellement, aujourd’hui, ce qu’ils étaient lors de sa première arrivée chez nous ; et Laura, complètement résignée à l’inévitable sacrifice de sa personne, montre maintenant la froide patience du désespoir. On pourrait croire qu’en disant adieu aux menus travaux, aux petites reliques qui lui rappelaient Hartright, elle a renoncé à tout mouvement de cœur, à toute son impressionnabilité naturelle. Au moment où j’écris ces lignes, il n’est encore que trois heures après midi, et sir Percival nous a déjà quittées, avec tout l’empressement d’un heureux fiancé, pour aller préparer, dans son château du Hampshire, les appartements destinés à sa future. À moins qu’il ne surgisse quelque obstacle imprévu, ils seront mariés exactement à l’époque fixée par lui dès le début, — c’est-à-dire avant la fin de l’année. En traçant ces mots, les doigts me brûlent !

« 13 novembre. » Nuit blanche que m’ont procurée mes inquiétudes au sujet de Laura. Vers le matin, je me suis arrêtée à l’idée de tenter ce que pourra un changement de lieux sur cet état de torpeur où elle demeure plongée. En lui faisant quitter Limmeridge, en l’entourant de vieux amis dont les figures lui réjouiront le cœur, je la tirerai peut-être de là. Après quelque réflexion, je me suis décidée à écrire aux Arnolds, dans