Page:Collins - La Femme en blanc.djvu/247

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On ne saurait douter, — bien que je ne sache pas le voir moi-même, aveuglée par je ne sais quelle étrange perversité de goût, — on ne saurait douter que le futur de Laura ne soit un très-joli homme. La régularité des traits constitue, pour commencer, un des plus rares avantages personnels, — et il a les traits réguliers. Des yeux bruns, éclatants et vifs, sont encore, chez l’homme ou la femme, un attrait fort prisé, — il a les yeux bruns et très-brillants. La calvitie elle-même, lorsqu’elle ne dépouille que le haut du front (et il en est ainsi pour lui), sied plutôt à un homme, car elle développe sa tête et ajoute à l’expression intelligente de sa physionomie. La grâce et l’aisance des allures, la continuelle animation du geste, l’art de la conversation, secondé par toutes les ressources d’un esprit souple et alerte, — voilà, certes, d’incontestables mérites, et il les possède tous. M. Gilmore, à coup sûr, étranger comme il l’est au secret de Laura, devait à bon droit s’étonner qu’elle regrettât de s’être engagée. Tout autre, à la place de notre vieil ami, aurait éprouvé la même surprise. Moi-même, si on me sommait en ce moment, de signaler nettement les défauts que j’ai pu découvrir chez sir Percival, j’en pourrais seulement indiquer deux. Le premier, c’est son instabilité incessante et son humeur trop aisément excitable, — qui se peuvent attribuer assez naturellement à l’énergie exceptionnelle de son caractère. L’autre est sa manière brève, un peu âpre, un peu rude même, de parler aux domestiques, — ce qui, après tout, pourrait bien n’être qu’une mauvaise habitude. Non, je ne puis raisonnablement le contester, et je ne le contesterai pas, — sir Percival est un très-joli homme, un homme fort agréable. Là ! voilà qui est écrit ! à la fin !… et je suis charmée que ce soit fait.

« 18 décembre. » — Comme je me sentais, ce matin, fort abattue et fort ennuyée, j’ai laissé Laura tête à tête avec mistress Vesey, et je suis sortie seule pour une de ces courses de jour, en pleine campagne, que j’ai trop négligées en ces derniers temps. J’ai pris, au-dessus des marais,