Page:Collins - La Femme en blanc.djvu/297

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dans un clin d’œil… Benjamin, vous entendez ? grandes allures de casse-cou… En place !… Si M. Merriman manque le train, vous êtes cassé aux gages… Tenez-vous ferme, Merriman, et si vous chavirez, fiez-vous au diable qui ne laisse pas volontiers périr ses enfants !…

Avec ces paroles en guise de bénédictions d’adieu, le baronnet tourna sur ses talons et rentra dans la bibliothèque.

Je n’en avais pas entendu long ; mais le peu qui avait frappé mes oreilles suffisait pour m’inquiéter. Le « quelque chose » qui était arrivé, c’était trop évidemment un embarras pécuniaire des plus sérieux ; et sir Percival, pour s’en tirer, n’avait à compter que sur Laura. La perspective de la voir compromise dans les difficultés qui, secrètement, assiégeaient son mari, produisit en moi, une véritable consternation, sans nul doute aggravée par mon ignorance des affaires, et aussi par la défiance bien positive que m’inspirait sir Percival. Au lieu de sortir comme je l’avais d’abord résolu, je me rendis immédiatement chez Laura pour lui faire part de ce que je venais d’entendre.

Elle reçut avec un sang-froid fait pour me surprendre cette communication peu rassurante. Elle en sait évidemment, sur le caractère et les embarras pécuniaires de son mari, plus que je ne l’avais soupçonné jusqu’à présent.

— C’est bien là ce que j’ai redouté, me dit-elle, quand j’ai entendu parler de ce gentleman inconnu qui, venu en notre absence, a refusé de laisser son nom.

— Qui donc alors avez-vous pensé que c’était ? lui demandai-je.

— Quelqu’un envers qui sir Percival a contracté de lourdes obligations, répondit-elle, et le même pour le compte de qui M. Merriman est venu ici aujourd’hui.

— Avez-vous une idée de ce que peuvent être ces obligations ?

— Non ; je n’ai eu là-dessus aucun détail.

— Vous ne signerez rien, Laura, sans y avoir regardé de près.