Page:Collins - La Femme en blanc.djvu/561

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présentait pour l’ouvrir. Le train était plus nombreux qu’à l’ordinaire, et un grand désordre s’établit dans la distribution des bagages. Un individu, que le comte Fosco avait amené avec lui, se procura pourtant les caisses de lady Glyde, lesquelles étaient marquées à son nom. Elle partit seule, avec le comte, dans une voiture quelconque à laquelle, en ce moment, elle n’avait pas pris garde.

La première question qu’elle fit, en quittant la gare, fut pour s’informer de miss Halcombe. Le comte lui apprit qu’elle n’était pas encore partie pour le Cumberland ; il avait, en y réfléchissant, regardé comme une imprudence de lui faire faire un si long voyage sans qu’elle eût pris, au préalable, quelques jours de repos.

Lady Glyde s’enquit ensuite si sa sœur était chez le comte. Elle ne se rappelait pas au juste la réponse faite à cette question ; une seule impression distincte lui en était restée ; c’est que le comte lui avait déclaré qu’il l’emmenait voir miss Halcombe. Lady Glyde connaissait Londres tellement peu, qu’elle ne pouvait alors se rendre compte des rues par lesquelles ils passaient. Pourtant ils ne quittèrent jamais les voies publiques, et ne traversèrent ni parcs, ni endroits plantés. Lorsque la voiture s’arrêta, ce fut dans une petite rue, derrière un « square » ; — un « square » où il y avait des magasins, des édifices publics et beaucoup de monde. D’après ces indications (données par lady Glyde avec toute certitude), il paraît bien évident que le comte Fosco ne l’avait point conduite à la résidence qu’il occupait dans Saint-John’s Wood.

Ils entrèrent dans une maison, et montèrent dans une chambre du fond, située au premier ou au second étage. Les bagages avaient été soigneusement apportés. Une servante avait ouvert la porte ; un homme, ayant une barbe noire et une physionomie étrangère, s’était trouvé dans le vestibule, et leur avait très-poliment indiqué par où ils devaient monter. Répondant aux questions de lady Glyde, le comte l’assura que miss Halcombe était dans la maison, et qu’on allait immédiatement l’avertir de l’arrivée de sa sœur. L’étranger et lui sortirent alors ; lady