Page:Collins - La Femme en blanc.djvu/621

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trois mois, chez un banquier dont il lui donnait le nom.

— Accepta-t-elle cette pension ?

— Pas le premier « farthing », monsieur. Elle dit qu’elle n’entendait plus devoir à Catherick ni un morceau de pain ni une goutte d’eau, dût-elle vivre cent ans. Et toujours, depuis lors, elle a tenu parole. Quand mon pauvre cher mari vint à décéder, me laissant tout ce qu’il possédait, la lettre de Catherick me fut remise avec le reste, et je demandai à sa femme, si jamais elle tombait dans le besoin, de me le faire savoir : — Toute l’Angleterre saura que je manque de pain, me répondit-elle, avant que je le dise à Catherick ou à n’importe lequel de ses amis… Prenez pour vous cette réponse, et si jamais il écrivait de nouveau, elle pourra aussi lui servir, à « lui ! »

— Supposez-vous qu’elle eût de l’argent à elle ?

— En tout cas, monsieur, c’était bien peu de chose. On a dit, et avec raison, j’en ai bien peur, que ses moyens d’existence lui venaient de sir Percival Glyde.

Après cette dernière réponse, j’arrêtai un instant l’interrogatoire pour passer en revue ce que je venais d’apprendre. Si j’acceptais le récit dans toutes ses parties et sans aucune réserve, jusqu’au point où il en était arrivé, il était bien évident, à présent, qu’aucune révélation ne m’avait été faite dont je pusse tirer parti, directement ou indirectement, pour arriver à la possession du secret, et que ma nouvelle tentative me laissait encore face à face avec l’échec le plus palpable et le plus décourageant.

Mais il y avait dans ce récit un point mal éclairci qui me faisait hésiter à l’accepter sans quelques réserves, et qui me suggérait l’idée d’un « dessous de cartes » quelconque.

Je ne pouvais pas m’expliquer, si elle était coupable, la persistance qu’avait mise cette femme du clerc de paroisse à passer tout le reste de sa vie sur le théâtre même de son déshonneur. Le propos même qu’on lui attribuait, à savoir qu’elle aurait adopté cette marche étrange