Page:Collins - La Femme en blanc.djvu/649

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pant tout exprès une position qui mettait le « clergyman » dans l’obligation de la saluer une seconde fois, s’il ne voulait pas manquer à la courtoisie la plus vulgaire. Il lui ôta donc son chapeau comme naguère. Je vis, derrière la fenêtre, s’adoucir et s’éclairer, d’un rayon d’orgueil satisfait, le visage dur et blême de la vieille pécheresse ; je vis s’incliner cérémonieusement, en retour, la tête couverte du sinistre bonnet noir : le ministre l’avait saluée, — en ma présence, qui plus est, — deux fois dans la même journée.


IX


Je quittai la maison, bien convaincu qu’en dépit d’elle-même, mistress Catherick m’avait fait faire un pas en avant. Je n’étais pas encore au tournant de la rue par laquelle j’allais sortir du square, lorsque le bruit d’une porte qui se fermait derrière moi vint tout à coup appeler mon attention.

Je tournai la tête, et vis un petit homme vêtu de noir sur le seuil d’une maison qui, autant que j’en pus juger, touchait à celle où habitait mistress Catherick ; — elle y touchait du côté le plus rapproché de moi. Cet homme n’hésita pas un instant sur la direction qu’il avait à prendre. Il avança d’un pas rapide vers le coin de rue où je m’étais arrêté. Je le reconnus pour cette espèce de clerc d’avoué qui m’avait si bien devancé lors de la visite à Blackwater-Park, et qui, lorsque je lui demandais à visiter le château, avait fait son possible pour me chercher querelle.

Je voulus l’attendre pour savoir s’il se proposait, cette fois, de m’aborder et de me parler. À ma grande surprise, il passa son chemin, toujours très-vite, sans prononcer un mot, sans même lever les yeux sur moi. Cette façon d’agir était si complètement à l’encontre de mon attente, — de mon attente bien fondée, ce me semble, — que ma