Page:Collins - La Femme en blanc.djvu/688

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étaient l’une et l’autre aussi bien portantes et aussi tranquilles que lorsque je les avais quittées. Laura m’envoyait ses tendresses, et me priait de lui annoncer mon retour vingt-quatre heures d’avance. Sa sœur commentant ce message, m’expliquait que la chère enfant avait mis de côté « près d’un sovereign, » sur ses dépenses particulières, et qu’elle entendait commander elle-même, le donnant à ses frais, le repas destiné à célébrer ma rentrée en ville. Je lisais ces petites confidences domestiques aux brillants rayons du matin, ayant encore présent à la mémoire le terrible souvenir de ce qui s’était passé la veille au soir. La nécessité d’épargner à Laura toute révélation trop soudaine, fut la première considération que me suggéra la lettre. J’écrivis immédiatement à Marian pour lui raconter, avec tous les ménagements possibles, les incidents relatés dans ces dernières pages, et pour l’avertir, en même temps, de ne laisser arriver aucune sorte de journal entre les mains de Laura, aussi longtemps que durerait mon absence. S’il s’était agi de toute autre femme moins courageuse et moins sûre, j’aurais peut-être hésité à lui faire connaître ainsi la vérité tout entière. Mais je devais bien à Marian, en souvenir des épreuves passées, de me fier à elle comme à un autre moi-même.

Ma lettre fut naturellement assez longue. Elle prit tout mon temps, jusqu’à l’heure où je devais comparaître à l’enquête.

L’objet particulier de cette constatation légale était nécessairement entouré de complications et de difficultés particulières. Outre les investigations relatives aux circonstances par suite desquelles avait succombé le défunt, il se présentait à éclaircir de très-graves questions sur la cause de l’incendie, l’enlèvement des clefs, et la présence d’un étranger dans la sacristie au moment où le feu s’était déclaré. On n’avait pas même encore constaté d’une manière définitive l’identité du défunt. L’imbécillité plus ou moins confirmée dont le domestique faisait preuve avait mis la police en garde contre ses assertions relativement au maître qu’il disait reconnaître. On avait envoyé,