Page:Collins - La Femme en blanc.djvu/796

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bait à sa vue, la poésie du mouvement incarnée dans sa démarche), je me prévalus des services de ma précieuse épouse pour copier la première et intercepter la seconde des deux lettres que mon adorable ennemie avait confiées à une femme de chambre renvoyée. Les lettres en question se trouvant cette fois dans le corsage de la jeune fille, madame Fosco ne pouvait les ouvrir, les lire, remplir ses instructions, recacheter les enveloppes et les remettre en leur lieu, qu’au moyen d’une aide scientifique, — aide qu’elle reçut de moi dans un flacon qui ne tenait pas plus d’une demi-once. La seconde occasion où les mêmes moyens durent être employés, — et je vais bientôt revenir là-dessus, — fut celle où lady Glyde débarqua dans Londres. Jamais, à aucun autre moment, je n’ai demandé secours à mon art, envisagé isolément et distinct de moi-même. Ma capacité naturelle pour lutter sans secours étranger contre des circonstances plus ou moins difficiles, s’est toujours trouvée au niveau des situations, des incidents les plus critiques. Je revendique hautement cette capacité précieuse, qui trouve partout son emploi. Je justifie et relève l’homme aux dépens du chimiste.

Qu’on respecte cet éclat d’indignation généreuse ! Il m’a soulagé au delà de toute expression. En route, maintenant ! marchons vers le but !

Lorsque j’eus suggéré à mistress Clément (ou Clements, je ne sais pas trop) que la meilleure méthode pour soustraire Anne à Percival était de la faire partir pour Londres, quand j’eus vu ma proposition accueillie avec ardeur, et quand un jour eut été pris pour me trouver à la station, où les voyageuses devaient se trouver, et d’où je les verrais partir, — je fus libre de revenir au château pour faire face aux difficultés qui restaient encore.

Je commençai par utiliser le sublime dévouement de ma femme. J’étais convenu avec mistress Clements que, dans l’intérêt d’Anne, elle communiquerait à lady Glyde son adresse à Londres. Mais cette précaution ne suffisait pas. En mon absence, tels ou tels intrigants pouvaient