Page:Collins - La Femme en blanc.djvu/806

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au-dessous pour examiner la malade et me donner leur certificat. Lorsque j’eus calmé lady Glyde en lui parlant comme il le fallait de l’état de sa sœur, je fis comparaître séparément, devant elle, mes deux estimables amis. Ils remplirent les formalités voulues, très-sommairement, avec intelligence, et de la manière la plus consciencieuse. Je rentrai dans la chambre aussitôt qu’ils l’eurent quittée, et j’imprimai aux événements une marche un peu plus vive, par une allusion, légèrement alarmante, à l’état de santé de miss Halcombe.

Il s’ensuivit ce que j’avais prévu. Lady Glyde prit peur et s’évanouit. Pour la seconde et pour la dernière fois, j’appelai la science à mon aide. Un verre d’eau médicamenté, un flacon de sels également médicamentés la soulagèrent de tout embarras, de toute crainte ultérieure. Quelques applications supplémentaires, lorsque la soirée fut plus avancée, lui procurèrent l’inappréciable bienfait d’une nuit de sommeil. Madame Rubelle était arrivée à temps pour présider à la toilette de lady Glyde. On lui enleva donc ses vêtements, ce soir-là, et on lui mit, le lendemain, ceux d’Anne Catherick, sans manquer en rien aux lois des plus strictes convenances, et cela grâce à l’entremise de cette bonne Rubelle. Pendant toute la journée, je maintins notre malade dans un état de conscience à moitié paralysée, jusqu’à ce que la dextérité des médecins dont l’amitié me venait en aide m’eût procuré, un peu plus tôt que je ne m’y attendais, l’ordre indispensable. Ce soir-là (le soir du 27), nous ramenâmes à l’Asile, madame Rubelle et moi, l’Anne Catherick que nous venions de ressusciter. Elle y fut reçue avec un grand étonnement, et sans le moindre soupçon, grâce à l’ordre officiel, aux certificats des médecins, à la lettre de Percival, à la ressemblance des deux femmes, à l’identité des vêtements, et à la condition de trouble mental où la malade se trouvait en ce moment. Je revins immédiatement aider madame Fosco à préparer les funérailles de la prétendue lady Glyde, ayant en ma possession les vêtements et les bagages de la véritable. On les envoya, plus tard dans le Cumberland par le convoi qui servit