Page:Collins - Le Secret.djvu/175

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Il y a des gens qui, sous le faix d’une grande responsabilité, marchent sans plier… sans plier comme j’ai plié… Mon bon oncle, pour l’amour de ces temps où nous vécûmes heureux, aidez votre pauvre nièce… aidez-la d’un bon conseil.

— Je vous aiderai, Sarah… Je consacrerai ma vie à vous aider… N’ayez pas l’air si découragé, mon enfant… Ne me regardez pas avec ces regards éplorés !… Voyons, je vais, à l’instant même, vous donner conseil… Mais dites-moi sur quoi… En quoi voulez-vous être conseillée ?

— Ne vous l’ai-je point dit ?

— Non. Vous ne m’en avez pas encore soufflé mot.

— Je vais donc maintenant m’expliquer… »

Elle s’arrêta, jeta un regard méfiant du côté de la porte ouvrant sur le magasin, prêta quelque temps l’oreille, et reprit ensuite :

« Je ne suis pas encore au bout de mon voyage, oncle Joseph… Je suis ici sur le chemin de Porthgenna-Tower… sur le chemin de la chambre aux Myrtes… sur le chemin, pas à pas parcouru, de l’endroit où la lettre est cachée… Je n’ose pas la détruire… je n’ose pas l’enlever… Mais, n’importe à quel risque je m’expose, il faut que je la retire de la chambre aux Myrtes. »

L’oncle Joseph ne dit rien, mais il branla la tête avec un certain abattement.

« Il le faut, répéta-t-elle… Avant que mistress Frankland arrive à Porthgenna, il faut que la lettre soit retirée de la chambre aux Myrtes. Il y a, dans le vieux manoir, plus d’un endroit où je puis la cacher de nouveau… des endroits auxquels elle ne songera jamais… des endroits où elle ne mettra jamais le pied… Qu’une fois j’aie pu retirer la lettre de cette chambre où je suis sûre qu’on ira la déterrer, et je sais bien où la mettre, désormais à l’abri de toute recherche. »

L’oncle Joseph réfléchit, branla de nouveau la tête, puis dit :

« Un mot, Sarah !… Mistress Frankland sait-elle quelle est la chambre aux Myrtes ?

— Lorsque je cachai la lettre, je fis de mon mieux pour effacer toute trace de ce nom… J’espère et je crois qu’elle ne sait pas à quelle pièce il fut donné jadis… Mais elle peut le découvrir… Rappelez-vous ces mots que j’ai eu la folie de prononcer… Ils la mettront sur la trace de la chambre aux Myrtes… Ils la lui feront chercher… Certainement ils auront ce résultat.

— Et supposant qu’elle la trouve… qu’elle lise la lettre ?…