Page:Columelle - L'Économie rurale, Tome 1, trad Du Bois, 1844.djvu/117

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même quelque bénéfice. Il est constant, en effet, qu’on détruit facilement la fougère au moyen des cultures et des engrais. Si, en outre, on la fauche dès qu’elle commence à sortir de terre (travail qu’au besoin pourrait faire un enfant), elle aura perdu toute sa force dans l’espace de temps qui vient d’être indiqué. Aux moyens de rendre un champ propre à la culture, viennent se joindre les soins à donner aux terrains nouvellement défrichés. Je dirai bientôt ce que j’en pense, mais je dois auparavant enseigner à ceux qui s’occupent d’agriculture ce qu’il faut d’abord qu’ils sachent. Je n’ai pas oublié plusieurs de nos anciens qui ont écrit sur l’économie rurale : ils regardent comme des signes reconnus et certains d’un sol gras et fertile en blé, une terre douce au toucher, produisant des herbes et des arbres, et présentant une couleur noire ou cendrée. Je ne contesterai pas sur les deux premières qualités ; mais, pour ce qui regarde la couleur, je ne puis assez m’étonner de ce que quelques auteurs, et entre autres Cernelius Celse, si savant en agronomie et dans toutes les sciences naturelles, aient manqué de sens et de vue au point de n’avoir pas remarqué tant de marais et de terrains salés qui presque tous offrent les nuances précitées. En effet, nous ne voyons aucun lieu, baigné par une eau croupissante, qui ne soit de couleur ou noire ou cendrée. Je ne crois pourtant pas me tromper, en affirmant que le froment ne saurait prospérer dans une terre de marais limoneux, ni dans une humidité saumâtre, ni sur l’aire marine des salines. Mais cette erreur des anciens est trop évidente pour qu’il y ait besoin de la réfuter par une longue argumentation. La couleur n’est donc pas une preuve certaine de la bonté d’un champ : ainsi une terre à blé, c’est-à-dire grasse, sera mieux appréciée par d’autres qualités. En effet, de même que les grands bestiaux