Page:Columelle - L'Économie rurale, Tome 1, trad Du Bois, 1844.djvu/119

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offrent à l’œil des couleurs diverses et presque innombrables, de même les terres les plus vigoureuses en ont reçu plusieurs et de très variées. En conséquence, il est bon de considérer si le sol dont nous apprécions la teinte est véritablement gras. Ce serait peu encore, s’il n’était pas doux au toucher ; ce dont on peut s’assurer par cette expérience assez expéditive : on arrose d’un peu d’eau une motte de terre, puis on la manipule ; si elle se trouve visqueuse, et qu’elle s’attache à la main qui la pétrit légèrement : « Et si, comme la poix, elle s’étend sur les doigts qui la pressent, » comme dit Virgile ; et si lancée à nos pieds elle ne s’y égrène pas, nous sommes avertis que cette substance renferme un suc naturel et de la graisse. De même, si vous rejetez dans un fossé la terre que vous en avez extraite, et qu’en l’y refoulant, elle vous paraisse gonflée par la fermentation, c’est une preuve certaine qu’elle est grasse. Si elle ne remplit pas le fossé, c’est qu’elle est maigre ; si elle le remplit exactement, c’est qu’elle est médiocre. Toutefois ces signes de bonté pourront ne pas paraître aussi certains qu’une couleur foncée, que l’on regarde comme la meilleure pour le froment. Nous reconnaîtrons aussi les terres d’après leur saveur : si nous prenons, dans la partie du champ qui nous plaît le moins, quelques mottes de son sol, et que nous les détrempions dans un vase de terre cuite en les mêlant avec de l’eau douce, qu’on filtre ensuite soigneusement, comme le vin chargé de lie, le goût déterminera l’appréciation : car la saveur donnée par l’eau est celle de la terre du champ éprouvé. Outre cette expérience, il y a plusieurs signes qui font reconnaître une terre