Page:Columelle - L'Économie rurale, Tome 1, trad Du Bois, 1844.djvu/127

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plus essoufflés. Quand le moment de leur donner la nourriture sera venu, il ne conviendra pas de leur livrer toute leur ration, mais de la leur distribuer par parties et peu à peu. Quand ils l’auront mangée, il faut les conduire à l’abreuvoir, où on les excitera à boire en sifflant au retour de l’eau, on leur donnera une ration assez ample pour les rassasier. Mais nous avons parlé avec assez d’étendue des devoirs du laboureur ; nous allons maintenant faire connaître le temps convenable pour labourer les champs.

Dans quel temps de l’année on doit faire les labours, et comment.

IV. Les terrains gras qui retiennent longtemps les eaux pluviales doivent recevoir le premier labour au temps où commencent les chaleurs, lorsque toutes leurs herbes sont en végétation, sans que toutefois les graines en soient parvenues à maturité. Alors on labourera à sillons si répétés et pressés qu’on ne puisse pas distinguer les traces du soc : ce n’est qu’en brisant ainsi les racines des mauvaises herbes qu’on les fait.périr. Il faut que par plusieurs labours réitérés, le guéret soit tellement réduit en poussière, que, pour l’ensemencement, l’opération du hersage ne soit pas nécessaire, ou au moins le soit peu. Aussi les anciens Romains disaient-ils que le champ qui avait besoin d’être hersé pour recevoir la semence, avait été mal labouré. L’agriculteur doit souvent le visiter pour s’assurer s’il a été bien travaillé. Il ne suffit pas pour cet examen de s’en rapporter à la vue, qui peut quelquefois induire en erreur, quand il y a de la terre répandue sur les bancs cachés ; il faut aussi recourir au toucher, qu’il est plus difficile de tromper. Pour cela on enfoncera une forte perche au travers des sillons : si cette perche pénètre partout également et sans résistance, il est évident que toute la terre a été remuée ; tandis que