Page:Columelle - L'Économie rurale, Tome 1, trad Du Bois, 1844.djvu/129

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le guéret n’a pas été convenablement brisé, si quelque portion fait obstacle à l’introduction de l’instrument. Quand les laboureurs voient qu’on contrôle ainsi souvent leur travail, il ne leur arrive plus de laisser des bancs. C’est après les ides du mois d’avril qu’on doit donner le premier labour aux terrains humides. Cette tâche remplie, on laisse reposer l’ouvrage, pour procéder, vers le solstice d’été, qui arrive au neuvième ou huitième des calendes de juillet, à un second labourage, puis à un troisième vers les calendes de septembre. Il est reconnu par les habiles agronomes qu’il ne faut pas user de la charrue dans les premiers mois de l’été, à moins que, comme il arrive parfois, la terre n’ait été trempée par des pluies imprévues semblables à celles d’hiver. Dans ce cas, rien ne s’oppose à ce que, dès le mois de juillet, on ne laboure les champs. Nous observerons toutefois qu’à toutes les époques de l’année, on ne doit pas toucher à une terre bourbeuse, pas plus qu’à celle qui ne serait qu’à demi mouillée par de petites pluies, et que les paysans appellent cariée et mouchetée : la terre est dans ce cas, quand, après de longues sécheresses, une légère pluie humecte seulement la partie supérieure des mottes de terre sans atteindre le dessous. En effet, les champs qui sont retournés dans un état fangeux deviennent pour toute l’année impropres à la culture, réfractaires à l’ensemencement, au hersage, à la plantation ; ceux qui, au contraire, étaient mouchetés quand on les a travaillés, sont pour trois ans consécutifs affectés de stérilité. Adoptons donc un moyen terme pour labourer nos champs : faisons en sorte qu’ils ne soient ni trop secs ni trop humides. Trop d’eau, en effet, comme je l’ai dit, les rend visqueux et bourbeux, et s’ils sont desséchés par défaut de pluies, on n’en saurait tirer parti : dans ce dernier cas, la dureté du sol repousse le soc, ou, s’il peut pénétrer quelque part,