Page:Columelle - L'Économie rurale, Tome 1, trad Du Bois, 1844.djvu/131

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il ne divise que grossièrement la terre, et ne détache que de vastes gazons : embarrassé par eux, le champ reçoit beaucoup plus difficilement le second labour, parce que le soc est repoussé du sillon par la résistance des mottes comme par quelques fondements d’édifices. Il en résulte que, dans cette seconde façon, il se fait des bancs, et que les bœufs ont grandement à souffrir de la difficulté de l’ouvrage. Ajoutons que toute terre, même la plus fertile, a pourtant un sous-sol de mauvaise qualité, et que les grosses mottes qu’on déplace pour, les briser l’attirent à la surface. Il arrive donc qu’une substance stérile mêlée à une qui est féconde, amoindrit les produits de la moisson ; et que le cultivateur accroît sa dépense en avançant moins dans son travail, car la peine que lui donne son champ l’empêche d’y faire ce qui conviendrait. C’est pourquoi je suis d’avis qu’il faut se garder, durant les sécheresses, de donner un second labour aux terres qui en ont reçu un premier, et qu’il convient d’attendre la pluie, qui, en imbibant la terre, nous en rend la culture plus facile. Au reste, un jugère d’un tel terrain s’expédie en quatre journées de travail, puisqu’on petit facilement lui donner le premier tour en deux jours, le biner dans une journée, le tiercer dans les trois premiers quarts de la quatrième, et dans le quatrième quart l’élever en lires. Les lires, que les paysans appellent porques, sont les couches qui, formées par le labour, se trouvent entre deux sillons assez distants l’un de l’autre, et qui par leur élévation préservent les céréales de l’humidité. Les collines d’un sol gras doivent recevoir le premier labour après les semailles trimestrielles, au mois de mars, et même, si le temps est assez chaud et la terre assez sèche, dans le courant de février. Ensuite, dès le milieu d’avril et jusqu’au solstice d’été, on binera ; puis on tiercera en septembre, vers l’équinoxe d’automne. La culture d’un