Page:Columelle - L'Économie rurale, Tome 1, trad Du Bois, 1844.djvu/155

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Toutefois la tiédeur de l’automne lui est utile pour s’enraciner promptement : car, s’il ne s’est pas fortifié avant l’hiver, les froids lui feront tort. Il sera bon de déposer ce qui restera de semence sur un plancher accessible à la fumée ; si ce légume était exposé à l’humidité, il engendrerait des vers qui en mangeraient le germe, et l’empêcheraient ainsi de lever. Comme je l’ai dit, le lupin aime une terre maigre et surtout rouge ; mais il redoute l’argile, et il ne vient pas dans un sol limoneux. Dix modius suffisent pour couvrir un jugère. Après le lupin, on sème le haricot avantageusement, soit sur des jachères, soit mieux encore dans un champ gras et labouré tous les ans. Il n’en faut que quatre modius pour ensemencer un jugère. On cultive de même le pois ; mais il désire une terre légère et meuble, une exposition chaude et des pluies fréquentes. Dans le premier temps des semailles, après l’équinoxe d’automne, on peut le semer dans la même proportion que le haricot, et même employer un modius de moins par jugère. On réserve à la fève un lieu naturellement très gras ou bien fumé, et si l’on a une jachère située dans une vallée qui reçoive quelque humidité des terrains supérieurs, on commencera par répandre la semence, puis on labourera la terre, on la retournera en lires, on y fera passer la herse, afin que cet ensemencement soit largement recouvert : car il importe beaucoup que les racines naissantes soient profondément enfoncées. Dans le cas où on voudrait semer des fèves dans une terre qui ne s’est pas reposée et qui vient de produire une récolte, il faudra couper la paille et répandre par jugère vingt-quatre voies de fumier. De même, quand on sème les fèves sur une terre non labourée, on lui donne un