Page:Columelle - L'Économie rurale, Tome 1, trad Du Bois, 1844.djvu/165

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On peut, durant tout le mois de mars, semer le pois chiche qu’on appelle de bélier, ainsi que le punique, autre pois du même genre : l’un et l’autre veulent une terre très fertile et un ciel humide. Ils nuisent au sol, et par ce motif nos meilleurs agriculteurs les rejettent. Cependant, si on en doit semer, il faut, dès la veille, les faire macérer, pour les faire lever plus promptement. Trois modius suffisent amplement pour un jugère. Le chanvre demande un sol gras, fumé et arrosé, ou bien situé en plaine, humide et profondément défoncé. On sème six graines par pied carré, au lever de l’arcture, qui arrive dans le dernier mois de l’année, en février, vers le six ou le cinq des calendes de mars. Il n’y aurait pourtant pas d’inconvénient à différer jusqu’à l’équinoxe du printemps, si le ciel était pluvieux. Après ces légumes il faut s’occuper des navets et des raves, car les paysans en font leur nourriture. Les raves toutefois sont plus utiles que les navets, parce qu’elles réussissent mieux, et qu’elles nourrissent non seulement les hommes, mais aussi les boeufs, surtout dans la Gaule, où ce légume leur est donné pendant l’hiver. Ces deux racines veulent une terre humide et meuble, et ne viennent pas dans une terre compacte. La rave réussit dans les champs et les lieux qui ne sont pas secs ; le navet, dans un terrain en pente, sec et assez léger : aussi est-il meilleur dans les terres graveleuses et sablonneuses. Les propriétés du sol changent la nature des semences de ces deux légumes : car dans tel ou tel terrain, en deux ans, la graine de rave donne des navets, et celle de navet des raves. On les sème avantageusement l’un et l’autre dans des lieux arrosés, à partir du solstice d’été, et dans les lieux secs, pendant la dernière partie du mois d’août ou la première du mois de septembre. Ils