Page:Columelle - L'Économie rurale, Tome 1, trad Du Bois, 1844.djvu/173

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Le fénugrec, que les paysans appellent silique, se sème à deux époques : au mois de septembre, vers l’équinoxe, les mêmes jours que la vesce, quand on le destine au fourrage ; et au dernier jour de janvier ou au premier de février, quand on spécule sur sa récolte. Dans le premier cas, on emploie par jugère six modius, et dans le second un de plus. Ces deux ensemencements peuvent se faire sur jachère sans inconvénient ; on doit seulement veiller ensuite à ce que le sol soit bien brisé sans l’être profondément : car si la graine est enfoncée de plus de quatre doigts, elle éprouve de la difficulté à lever. C’est pourquoi quelques personnes commencent par labourer avec, de très petites charrues, jettent la semence à la surface, et la recouvrent avec le sarcloir. Quant à l’ers, il vient bien en terrain maigre, non humide, car, il périt le plus souvent par la trop grande force de sa végétation. On peut le semer en automne, même après l’équinoxe, à la fin de janvier, pendant tout février, pourvu que ce soit avant les calendes de mars. Les agriculteurs prétendent que ce dernier mois ne convient pas à l’ers, parce que celui qui a été semé à cette époque nuit aux troupeaux, et surtout aux boeufs, qui deviennent rétifs lorsqu’ils en mangent. Il en faut cinq modius pour un jugère. Dans l’Espagne Bétique on donne aux boeufs, au lieu d’ers, de la gesse moulue. Quand elle a été concassée par la meule peu serrée, on la fait un peu macérer dans l’eau jusqu’à ce qu’elle s’y soit amollie, et dans cet état on la distribue aux animaux mêlée avec de la paille hachée. Douze livres d’ers suffisent pour un jugère, mais il y faut seize livres de gesse. Cette dernière n’est pas inutile à l’homme, et ne lui semble pas désagréable au goût. Sa saveur ne diffère en rien de la cicerole ; la couleur