Page:Columelle - L'Économie rurale, Tome 1, trad Du Bois, 1844.djvu/177

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pensons pas toutefois que cela doive se faire partout il faut suivre l’usage du pays. Quelques contrées ont des avantages particuliers : telles sont l’Égypte et l’Afrique, où l’agriculteur, des semailles jusqu’à la moisson, ne touche pas à ses cultures, parce que l’état du ciel et la bonté du sol sont tels qu’à peine il paraît d’autres plantes que celles qui proviennent de la semence répandue, soit que cela tienne à la rareté des pluies, soit que la qualité du terrain favorise ainsi les cultivateurs. Quant aux contrées où le sarclage est nécessaire, il ne faut pas toucher aux cultures, quand même l’état du ciel le permettrait, avant que les plantes aient couvert les sillons. C’est avec avantage que l’on sarclera le froment et l’adoréum quand ils commenceront à avoir, quatre feuilles, l’orge cinq, et la fève ainsi que les autres légumes lorsqu’ils s’élèveront de quatre doigts au-dessus du sol. Il faut toutefois excepter le lupin, à la jeune tige duquel le sarclage est contraire, parce que sa racine unique ne saurait être coupée ou même blessée par le fer, sans que toute la plante ne périsse. Lors même que cet accident n’aurait pas lieu, le sarclage lui serait encore inutile, parce que, loin d’avoir à souffrir des plantes parasites, le lupin les fait mourir. Pour ce qui concerne les autres cultures, qui peuvent être serfouies humides, il y a pourtant plus d’avantage à les sarcler sèches, parce qu’alors elles ne sont pas infestées par la rouille : l’orge surtout, si elle n’est très sèche, redoute le sarcloir. Plusieurs personnes pensent qu’il ne faut jamais en user pour les fèves, parce que, à leur maturité, arrachées avec la main, elles se détachent du sol sans en entraîner une partie, et qu’ainsi les herbes interposées sont réservées pour fournir du foin. C’est l’opinion de Cornelius Celse, qui, parmi les autres qualités de ce légume, lui reconnaît celle de laisser récolter du foin sur le terrain qui vient de le produire. Pour moi, il me semble qu’un mauvais agriculteur