Page:Columelle - L'Économie rurale, Tome 1, trad Du Bois, 1844.djvu/193

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le fumier en nettoyant tous les jours la cuisine et la fromagerie. et, quand il pleut, les étables et les bergeries. Si la ferme consiste en terres à blé, il importe peu de séparer les fumiers par espèces ; si, au contraire, elle se compose de plantations d’arbres, de terres labourables et de prés, il faudra mettre à part ces engrais : le crottin de chèvres occupera donc une place particulière, ainsi que la fiente des oiseaux. Le surplus sera entassé dans la fosse dont nous avons parlé, et tenu dans un état constant d’humidité, afin que la graine d’herbes parasites, qui pourrait se trouver mêlée au chaume et aux autres ordures, puisse y pourrir. Ensuite, dans les mois d’été, pour que l’engrais se pourrisse mieux et soit meilleur, il faut remuer tout le fumier avec des râteaux, comme lorsqu’on use de la houe à deux dents pour ameublir la terre. Je regarde comme négligents les agriculteurs qui ne peuvent tous les mois recueillir et entasser au moins une voie de fumier du menu bétail, et dix des gros bestiaux, ainsi qu’autant des immondices tant du corps humain que des basses-cours, et des balayures que la ferme produit journellement. Je crois aussi qu’il faut faire remarquer que le fumier qui, à propos déposé, s’est mûri pendant un an, est le meilleur pour les cultures des champs ; car il possède encore la vigueur de ses qualités et n’engendre plus d’herbes : après ce laps de temps, plus il vieillit, moins il est d’un bon emploi, parce qu’il a moins d’énergie. On doit le répandre aussi nouveau que possible sur les prés pour qu’il y engendre une plus grande quantité d’herbes, et ce travail doit être fait dans le mois de février, à l’époque du croissant de la lune ; car cette circonstance augmente la production du foin. Au reste, nous indiquerons l’emploi qu’on doit faire du fumier, dans telle ou telle culture, quand nous traiterons de chacune d’elles en particulier.