Page:Columelle - L'Économie rurale, Tome 1, trad Du Bois, 1844.djvu/197

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n’était pas d’avis de donner du fumier aux vignes, parce qu’il gâtait la saveur du vin. Ce qu’il regardait comme le meilleur amendement pour augmenter leur produit, c’étaient des terreaux ramassés dans les chemins, ou dans les baies, en un mot toute terre extraite et transportée. Quant à moi, je pense que, fût-il privé de toute espèce de fumiers, le laboureur trouvera toujours prête la ressource des lupins, qui, vers les ides de septembre, étendus et enfouis dans une terre maigre, où le soc ou bien le hoyau les brise en temps convenable, procureront l’avantage du meilleur engrais. Dans les terrains sablonneux, il faut couper le lupin à sa seconde fleur ; dans les terres rouges, à l’apparition de la troisième. Dans le premier terrain, on doit l’enfouir tendre, afin qu’il pourrisse promptement et se mêle à ce sol sans liaison ; dans le second, on l’emploie plus ferme, afin qu’il tienne soulevées et divise les mottes trop denses, de manière que l’ardeur du soleil d’été les pénètre et les réduise en poussière.

Comment on convertit en pré un champ labouré.

XVII. Le cultivateur pourra conduire à bien son entreprise, s’il se pourvoit non seulement des espèces de fourrages dont je viens de parler, mais aussi d’une forte provision de foin, afin de mieux entretenir ses animaux, sans lesquels il est difficile de faire valoir, avantageusement une terre. C’est pourquoi il devra s’adonner à la culture des prés, propriétés que les anciens Romains mettaient au-dessus des autres. Aussi leur avaient-ils donné le nom de prata parce qu’ils sont bientôt préparés, n’exigeant pas un long travail. M. Porcius Caton aussi a fait l’éloge des prés, parce qu’ils n’ont pas à souffrir des tempêtes,