Page:Columelle - L'Économie rurale, Tome 1, trad Du Bois, 1844.djvu/211

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puisse se résoudre à l’attendre : car pendant ce temporisement le froid hiver peut nous surprendre. C’est pourquoi on doit amonceler sur l’aire le grain battu, afin de pouvoir le nettoyer par quelque vent que ce soit. Si l’air se maintenait calme durant plusieurs jours, il faudrait recourir au van pour le purifier, de peur que, après cette inertie prolongée des vents, quelque orage ne fasse perdre le travail de toute une année. Si le grain doit être conservé plusieurs années, on devra le nettoyer une seconde fois : car plus il est propre, moins il est sujet à être rongé par les charançons. Dans le cas où il serait destiné à un usage prochain, un second nettoyage devient inutile : il suffit de le faire rafraîchir à l’ombre et de le déposer ensuite dans un grenier. Les légumes n’exigent pas d’autres précautions que les blés : car on les emploie aussitôt, ou on les met en réserve. Voilà le bénéfice que le laboureur reçoit en compensation des grains qu’il a confiés à la terre.

De ce qui, pendant les jours de fête, est permis aux agriculteurs ou leur est interdit.

XXII. Nos ancêtres étaient d’avis qu’on ne doit pas moins rendre compte de ses loisirs que de ses travaux. Nous aussi, nous croyons qu’il est à propos de faire connaître aux agriculteurs ce que, pendant les fêtes, ils ont droit de faire, et ce qui leur est défendu. Il existe des choses que, comme dit le poëte, « Le droit et les lois permettent d’exécuter dans les jours de fête : aucune religion n’a défendu de détourner les ruisseaux, d’entourer de haies une moisson, de tendre des pièges aux oiseaux, de mettre le feu aux plantes parasites, ni de plonger le troupeau bêlant dans une onde salutaire. » Les pontifes cependant nient qu’on ait le droit d’enclore